Paris fait pression sur l’UE et le Royaume-Uni pour la reconnaissance de l’État palestinien

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Paris lobbying EU, Britain to recognize Palestinian statehood 
Credit: Ronald Wittek/EPA-EFE


Lors d’un sommet des Nations unies prévu le mois prochain, la France intensifie ses pressions sur les pays de l’Union européenne, y compris le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Belgique, pour qu’ils reconnaissent collectivement l’État de Palestine.

En obtenant une reconnaissance officielle de l’État palestinien par plusieurs pays européens, et parallèlement une reconnaissance formelle d’Israël par certains États du Moyen-Orient, le président français Emmanuel Macron espérait profiter de l’occasion pour relancer les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens.

« La guerre, le déplacement des Palestiniens et la violence des colons extrémistes ont plus que jamais sapé la solution à deux États, bien qu’elle soit aujourd’hui plus nécessaire que jamais »,

a déclaré un responsable français.

Cependant, la France a dû revoir à la baisse ses attentes pour cette conférence qu’elle coorganise avec l’Arabie saoudite, en raison de la crise humanitaire à Gaza provoquée par la campagne de bombardements d’Israël et le siège de trois mois, qui limite sévèrement l’accès des habitants à la nourriture, à l’eau et aux médicaments.

« Les pays arabes préfèrent imposer des sanctions plutôt que reconnaître un État », a affirmé un diplomate européen.
La semaine dernière, la porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer a indiqué que le Royaume-Uni était prêt à collaborer avec ses partenaires régionaux et internationaux pour « faire tout ce qui est possible pour soutenir les bases de la création d’un État palestinien ».

En réponse à une revendication palestinienne de longue date, Paris et Londres deviendraient les premiers pays du G7 à reconnaître l’État de Palestine. Israël a fréquemment critiqué les initiatives diplomatiques françaises, les accusant de légitimer le Hamas et, en substance, de récompenser l’organisation terroriste pour l’attaque d’octobre 2023. L’administration israélienne tiendrait probablement le même discours face à une reconnaissance palestinienne par Paris et Londres.

L’Espagne, la Norvège et l’Irlande se sont jointes l’année dernière aux 140 autres États membres de l’ONU qui reconnaissent déjà l’État de Palestine. Israël, en revanche, n’est pas reconnu par de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

Les responsables français ont longtemps affirmé que Paris ne reconnaîtrait un État palestinien que si cela contribuait réellement au processus de paix, tout en répétant depuis des années que cette reconnaissance était imminente. En avril, Emmanuel Macron a déclaré qu’il était temps de franchir une nouvelle étape vers cette reconnaissance, dans le cadre d’une démarche collective visant à reconnaître à la fois Israël et un État palestinien.

Selon Michel Duclos, ancien ambassadeur en Syrie et chercheur à l’Institut Montaigne, reconnaître publiquement un État palestinien serait aujourd’hui perçu davantage comme un reproche adressé à Israël que comme une étape vers la paix, au vu de l’aggravation de la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza. Il a déclaré : « Ce serait une condamnation d’Israël. »

La reconnaissance de la Palestine par l’UE pourrait, selon Duclos, « inciter les pays arabes à formuler leurs conditions pour normaliser leurs relations avec Israël ». Le diplomate français mentionné plus haut a indiqué que Paris espérait que les gouvernements du Moyen-Orient continueraient à prendre des “mesures” vers la normalisation durant le sommet prévu du 17 au 20 juin à New York.

Les États-Unis, allié le plus proche d’Israël et son principal soutien militaire, resteront toutefois l’acteur décisif dans la perspective de mettre fin à la violence dans la bande de Gaza et, dans une moindre mesure, en Cisjordanie. Pourtant, rien ne laisse penser pour l’instant que Washington soit prêt à reconnaître un État palestinien, malgré l’opinion de certains responsables européens selon laquelle l’administration Trump aurait modifié sa position à l’égard du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Research Staff

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