Dans une ultime tentative pour convaincre le Congrès d’approuver sa réforme historique de la fiscalité et des dépenses avant la date limite du 4 juillet, Donald Trump a annulé un déplacement prévu dans le New Jersey. Selon un responsable de la Maison-Blanche, le président restera à Washington afin d’exhorter les sénateurs à valider son projet qualifié de « grand et magnifique », plutôt que de passer la semaine dans son club de golf du New Jersey.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré jeudi que le président était déterminé à signer cette loi avant la fête de l’Indépendance. Cette tentative de dernière minute intervient alors que le Sénat s’avère être le principal obstacle à l’adoption du texte, notamment en raison des républicains « faucons budgétaires » préoccupés par ses conséquences sur la dette nationale.
Dès samedi, le chef de la majorité au Sénat, John Thune, prévoit de soumettre le texte au vote. Le mois dernier, la Chambre des représentants a adopté sa propre version du projet de loi, mais toute modification doit être validée par le Sénat pour devenir loi. Le processus s’est complexifié avec l’opposition de plusieurs membres de la Chambre aux ajustements apportés par la chambre haute.
Quels sont les éléments clés du projet de loi de Trump ?
Trump qualifie sa « Big Beautiful Bill » de codification ultime du programme MAGA, pièce maîtresse de son ambition pour un second mandat. Cette loi globale couvre des domaines politiques variés, tels que des réductions d’impôts, la sécurité des frontières, la déréglementation et des coupes budgétaires.
Le projet prévoit notamment une hausse temporaire du crédit d’impôt pour enfants, des déductions supplémentaires pour les revenus issus des pourboires et des heures supplémentaires, une extension des avantages pour les retraités, ainsi que la mise en œuvre permanente des baisses d’impôts de 2017. Bien qu’il propose un allègement ciblé pour certaines familles de la classe ouvrière, le texte est conçu pour avantager surtout les classes moyennes et supérieures, en particulier les ménages à hauts revenus. Pour compenser le coût de ces allègements fiscaux, le texte prévoit des réductions significatives dans les programmes sociaux comme Medicaid et SNAP (aide alimentaire), ce qui risque d’impacter davantage les ménages à faibles revenus.
Quelle est l’objection principale du Sénat ?
Même certains sénateurs républicains ont exprimé leurs réserves concernant l’ampleur et les effets du texte. Les sondages récents montrent d’ailleurs qu’une majorité d’Américains s’y opposent.
Les parlementaires craignent une augmentation de la dette et une réduction des budgets alloués aux programmes sociaux et de santé. Le Bureau du budget du Congrès, organisme indépendant, estime que la loi creuserait le déficit budgétaire de 2,4 milliards de dollars sur les dix prochaines années, portant la dette nationale à son plus haut niveau depuis la Seconde Guerre mondiale. L’administration travaille activement sur le texte depuis une semaine pour respecter l’échéance fixée par le président.
Lors d’un événement organisé jeudi à la Maison-Blanche, Trump a tenté de mettre en avant les bénéfices du projet pour les travailleurs, comme la suppression des taxes sur les pourboires et les heures supplémentaires. Afin de convaincre les sénateurs fiscalement conservateurs, qui menacent de bloquer le texte, le Conseil des conseillers économiques de la Maison-Blanche a publié mercredi une étude affirmant que le projet n’augmenterait pas la dette.
Trump peut-il respecter la date limite du 4 juillet ?
Grâce à une procédure spéciale applicable aux lois fiscales et budgétaires, les républicains — qui détiennent actuellement une majorité de 53 sièges contre 47 au Sénat — espèrent faire adopter le texte à la majorité simple. En règle générale, 60 voix sont nécessaires pour faire passer une loi. Toutefois, cette semaine, un juriste du Sénat a jugé que certaines parties du texte, notamment les coupes prévues dans Medicaid, ne pouvaient être incluses dans cette procédure spéciale, compromettant ainsi l’objectif présidentiel.