La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé « l’Accord de Washington », un pacte négocié par les États-Unis, salué par président Donald Trump comme une « avancée majeure ». L’accord prévoit un retrait progressif des troupes rwandaises, le désarmement des milices, notamment les FDLR, et un renforcement du commerce transfrontalier sous garanties américaines pour réduire les tensions régionales.
Déclaration de Trump :
« Je l’ai arrêté… Je l’ai stoppé et sauvé de nombreuses vies. »
Cette affirmation audacieuse attire l’attention, à la fois comme rhétorique politique et comme tentative de s’attribuer les mérites d’un processus inachevé. Depuis les années 1990, le conflit en RDC, centré dans les provinces riches en ressources de l’est, a fait des millions de morts et déplacé des populations entières. Bien que symboliquement fort, l’Accord de Washington n’inclut pas tous les acteurs responsables de la violence. Le groupe rebelle M23, soupçonné d’être soutenu par le Rwanda, est exclu de l’accord et continue de contrôler des villes majeures dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.
La violence persistante fragilise l’espoir de paix
L’absence du M23 à la table des négociations a eu des conséquences. À la mi-2025, le groupe a intensifié ses attaques, renforçant son emprise sur des zones stratégiques près de Goma et Bukavu. En juillet 2025 seulement, Human Rights Watch a documenté au moins 140 civils tués lors d’attaques de représailles dans le Nord-Kivu. L’endurance du groupe souligne les limites d’une diplomatie de haut niveau qui néglige les acteurs non étatiques clés.
Alors que la politique officielle du Rwanda prône la stabilité par la neutralisation de groupes comme les FDLR, le gouvernement congolais accuse Kigali de continuer à fournir un soutien logistique et des renseignements au M23. Ces narratifs concurrents compliquent la mise en œuvre de l’accord et soulèvent des doutes sur sa viabilité à long terme.
Déplacement massif et pression humanitaire
La recrudescence de la violence maintient des millions de personnes déplacées dans l’est du Congo. Plus de 6,9 millions de Congolais sont déplacés internes, dont beaucoup vivent sans abri adéquat, ni nourriture, ni soins. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti en août 2025 qu’un habitant de l’est du Congo sur trois est en situation d’insécurité alimentaire aiguë. L’accès médical est dangereusement limité, les conditions sécuritaires entravant l’action des organisations humanitaires.
Des organisations locales de la société civile demandent une paix plus inclusive, fondée sur les réalités vécues par les communautés. L’archevêque anglican de Kinshasa a qualifié l’accord d’« extractivisme déguisé en paix » et a appelé les acteurs internationaux à reconnaître la déconnexion entre les accords élitistes et les besoins des citoyens ordinaires.
Sous-courants géostratégiques et économiques
Les ressources minérales de la RDC – cobalt, lithium, tantale, cuivre – sont essentielles pour les chaînes d’approvisionnement mondiales en batteries, téléphones et infrastructures liées à l’IA. Leur importance géostratégique s’est accrue, notamment parce que les pays occidentaux cherchent à s’affranchir des sources chinoises. Dans l’élaboration de l’Accord de Washington, l’administration Trump a mis l’accent sur la coopération économique, promettant la création d’un « corridor minier responsable » avec des partenaires technologiques et logistiques américains.
Mais des critiques estiment que conditionner la paix à l’accès aux ressources place les intérêts des entreprises au-dessus de la sécurité des populations. La confidentialité des termes commerciaux inclus dans l’accord a provoqué une onde de choc au sein du parlement congolais et parmi les observateurs internationaux. Beaucoup craignent que l’accord ne permette une exploitation continue sous couvert de stabilité, notamment via des entreprises minières alliées à des sociétés de sécurité privées.
Diplomatie américaine et régionale reconfigurée
Cet accord s’inscrit dans une volonté plus large de repositionnement des États-Unis en Afrique centrale. Par cette médiation, Trump cherchait à restaurer l’influence diplomatique américaine dans une région de plus en plus convoitée par la Chine, la France et les États du Golfe. L’accord fait également des États-Unis un médiateur entre le Rwanda et la RDC – deux pays au passé conflictuel et aux relations souvent tendues.
Mais la trêve reste fragile. Une reprise des hostilités pourrait discréditer la légitimité américaine comme médiateur. Si la violence persiste, l’accord risque de n’être vu que comme un geste politique opportun plutôt qu’une avancée sincère vers la réconciliation.
Le rôle des acteurs régionaux et internationaux
L’Union africaine (UA) et les Nations Unies (ONU) ont salué l’accord de Washington, tout en appelant à son ancrage dans un processus plus large de désarmement, de réintégration des anciens combattants et de cohésion sociale. L’UA a déployé des observateurs sur le terrain, et la mission de stabilisation de l’ONU en RDC (MONUSCO), dont le retrait avait débuté en 2024, est à nouveau sollicitée pour rester dans certaines zones sensibles afin de prévenir des massacres et protéger les civils.
Face à ces défis, les dirigeants de l’Angola, de l’Ouganda et du Soudan du Sud ont proposé des pourparlers parallèles afin d’impliquer le M23 et d’autres groupes armés locaux. Cette initiative reflète une prise de conscience accrue que la paix durable exige la participation de tous les acteurs et une prise en compte des conflits liés à la terre, à l’identité et à la représentation politique.
Perspectives de la société civile
Les groupes locaux dénoncent leur exclusion des pourparlers de paix. Des clercs et militants de Goma et d’Ituri ont tourné en dérision l’accord, qu’ils jugent centré sur des préoccupations géopolitiques extérieures. Bien que les accords exécutifs tracent une voie vers un avenir post-extractif, les questions de justice, de compensation économique et de restitution des terres n’y figurent pas.
Ce chercheur s’est exprimé sur le sujet, soulignant que la paix au Congo restera illusoire sans justice économique et sécurité réelle :
🇺🇸🧵 BREAKING: Trump Delivers Peace in Congo — and a Heavy Blow to China 🧵
— Rod D. Martin (@RodDMartin) June 27, 2025
While the media was focused on NATO, SCOTUS, NYC and Iran, Trump just ended a 30-year war in Africa — and may have flipped the entire global minerals race on its head.
Here’s what happened ⬇️ pic.twitter.com/nd7vqzh6pt
Ses propos font écho aux inquiétudes de nombreux acteurs humanitaires : les déclarations de paix peuvent dissimuler des souffrances persistantes et une inégalité structurelle si les causes profondes ne sont pas abordées.
De la diplomatie à la paix durable : un chemin semé d’embûches
L’accord de paix Trump Congo 2025 constitue davantage un moment de visibilité diplomatique qu’une solution durable. S’il établit un cadre pour réduire les tensions militaires entre les États, son incapacité à intégrer les groupes armés non étatiques et à s’attaquer aux causes profondes du conflit limite son efficacité.
Pour qu’une paix véritable s’installe, il faut dépasser les approches descendantes. Cela implique un dialogue inclusif avec les rebelles, des investissements dans les services publics, la poursuite judiciaire des crimes de guerre et une implication sérieuse de la société civile. Ce n’est qu’en intégrant ces éléments que la RDC pourra espérer sortir du cycle de violence qui ravage ses provinces de l’est depuis des décennies.
Le monde devra choisir entre accepter un symbole politique ou s’engager dans l’effort long et difficile de construire un avenir juste et sûr pour le Congo. Car lorsque les projecteurs s’éteignent sur l’accord, ce ne sont pas les signatures qui comptent, mais la sécurité et la dignité des populations toujours prises dans la ligne de mire.