Des organisations de lobbying représentant les intérêts de Wall Street mènent une ultime tentative pour bloquer un projet de loi en préparation à New York. Cette législation vise à limiter les poursuites judiciaires intentées par des créanciers contre des pays en défaut de paiement sur leur dette souveraine. Ces actions en justice sont souvent intentées par des fonds spéculatifs qui rejettent les conditions de remboursement négociées collectivement, notamment par les États, lors des processus de restructuration.
Le texte de loi a été rédigé par des organisations communautaires, en réponse à la crise financière qui a frappé Porto Rico. Cette faillite a provoqué la fermeture d’écoles et d’hôpitaux, ainsi que la perte de retraites pour de nombreuses familles et proches vivant sur l’île.
Jessica González-Rojas, élue de Queens et porteuse du projet à l’Assemblée de l’État, s’est dite optimiste quant à l’adoption du texte par sa chambre, après son adoption la semaine dernière par le Sénat de l’État. Le « Partnership for New York City », un puissant groupe de pression représentant les banques, grandes entreprises et cabinets d’avocats, reste toutefois discret dans le débat.
L’Assemblée est actuellement sous la pression de quatre grandes organisations qui tentent de freiner l’avancée du projet. Le plus influent parmi eux est le Corporate Council, qui défend les intérêts d’un large éventail de multinationales, allant de Northrop Grumman à National Fuel Gas.
Trois autres groupes nationaux représentant le secteur financier s’opposent également au texte : le Securities Industry and Financial Markets Association (SIFMA), la Creditor Rights Coalition, et la Loan Syndications and Trading Association (LSTA).
Les arguments des lobbyistes sont détaillés dans des notes d’opposition distribuées aux membres de l’Assemblée et obtenues par New York Focus. Selon ces groupes, la loi rendrait plus coûteux l’emprunt pour les États souverains et inciterait les entreprises à transférer leurs activités financières hors de New York.
Un document daté du 4 juin, rédigé conjointement par la Loan Syndications and Trading Association et la Creditor Rights Coalition, affirme que les traders, cabinets juridiques et institutions financières ont probablement généré des « revenus substantiels » en 2024 grâce aux échanges portant sur plus de 700 milliards de dollars d’obligations souveraines régies par le droit new-yorkais.
« Ce secteur est extrêmement lucratif et d’autres États en sont bien conscients »,
ont averti les groupes, ajoutant qu’en cas d’adoption de la loi, les émissions de dette souveraine, les échanges et les litiges pourraient se déplacer vers d’autres États américains.
Des arguments similaires ont été avancés dans une note diffusée le 4 juin par le Securities Industry and Financial Markets Association (SIFMA). Deux sénateurs républicains, Jack Martins et Mark Walczyk, ont prononcé de longs discours s’opposant à la législation lors des débats précédant l’adoption du texte par le Sénat. C’est d’ailleurs Walczyk qui a lu à haute voix la déclaration officielle de la SIFMA de 2024 contre ce projet de réforme.