Alors que les dirigeants et lobbyistes du secteur faisaient face à un changement de cap en matière de régulation énergétique, l’industrie pétrolière et gazière a déboursé 38 millions de dollars en lobbying auprès du gouvernement fédéral au premier trimestre 2025. Ce chiffre est en baisse par rapport aux 44 millions dépensés à la même période en 2024.
Durant l’administration Biden, alors que la Maison Blanche poussait pour une transition vers les énergies alternatives malgré une production pétrolière américaine atteignant des sommets historiques, le secteur avait consacré plus de 153 millions de dollars au lobbying fédéral sur l’ensemble de l’année.
Comment Trump relance-t-il l’expansion des énergies fossiles ?
Avec le contrôle total du gouvernement fédéral par les Républicains, le secteur pétrolier pourrait connaître un nouveau boom. Le président Donald Trump a donné une impulsion à l’exploration de zones sensibles et aux investissements énergétiques nationaux, misant sur l’indépendance énergétique des États-Unis. Dans ce contexte, les entreprises ont injecté des millions dans le lobbying en faveur de lois pro-extraction, de la réduction des réglementations, et de projets d’exploration de combustibles fossiles. Les signes d’un possible ralentissement énergétique pourraient d’ailleurs intensifier davantage ces efforts.
Quels projets ConocoPhillips privilégie-t-elle en Alaska ?
ConocoPhillips a été la société la plus dépensière du secteur en matière d’influence au premier trimestre 2025, avec plus de 3,2 millions de dollars consacrés au lobbying. Comme d’autres géants du secteur, elle s’est concentrée sur l’exploration du gaz naturel liquéfié. En Alaska, les projets Nuna et Willow ont commencé à produire du pétrole sur la North Slope. En 2024, l’entreprise avait déjà dépensé plus de 8,4 millions en lobbying.
Le projet Nuna devrait produire 20 000 barils de pétrole par jour, ayant atteint le pétrole fin 2024. Le projet Willow, quant à lui, censé produire 180 000 barils/jour — soit environ 4 % des émissions annuelles de carbone des États-Unis — reste au cœur de controverses et de batailles réglementaires. Par ailleurs, ConocoPhillips a racheté Marathon Oil pour 22,5 milliards de dollars en 2024, renforçant sa position dans la production onshore, notamment dans le bassin permien.
Comment les cabinets de lobbying tirent-ils profit des politiques énergétiques ?
Après des années de blocage par les agences fédérales, l’administration Trump a accéléré l’approbation du controversé projet Ambler Road, un corridor de 212 miles destiné à l’accès minier dans la North Slope de l’Alaska. Le secrétaire à l’Intérieur, Doug Burgum, a annoncé son soutien au projet de gazoduc de gaz naturel liquéfié de l’Alaska, ainsi qu’à Ambler Road.
Venture Global LNG, producteur à bas coût de gaz naturel liquéfié, a vu ses dépenses de lobbying passer de 20 000 dollars en 2023 à 860 000 dollars en 2024. ConocoPhillips et plusieurs autres entreprises ont aussi mené des actions pour faire avancer le projet de loi Unlocking of Domestic LNG Potential Act of 2024.
Koch Inc. a dépensé plus de 2,8 millions de dollars ce trimestre, soit la deuxième plus grosse somme du secteur. Cependant, l’entreprise a annoncé en avril se retirer du commerce pétrolier mondial pour se concentrer sur des marchés moins risqués. En 2024, elle avait déjà dépensé plus de 11 millions en lobbying sur les normes d’émissions et les réglementations de l’Agence de protection de l’environnement (EPA).
Les American Fuel and Petrochemical Manufacturers (AFPM) ont quant à eux dépensé plus de 28 millions de dollars en 2024 pour influencer la réglementation environnementale et les normes d’émissions des véhicules, contre 7 millions en 2023. Au premier trimestre 2025, leurs dépenses s’élèvent à seulement 1,8 million, contre 7,8 millions à la même période l’année précédente.
Le cabinet Brownstein Hyatt Farber Schreck est celui qui a géré le plus de contrats liés à l’industrie pétrolière et gazière sur le trimestre, avec 880 000 dollars de revenus — quasiment identiques à ceux du premier trimestre 2024 (870 000 dollars). BGR Group a connu la plus forte progression, passant de 300 000 à 450 000 dollars de recettes sur cette même période.