L’Union européenne fait face à une nouvelle tempête politique après la révélation des noms de cinq eurodéputés impliqués dans un scandale de lobbying lié à Huawei. Mercredi, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a confirmé publiquement leur identité et annoncé qu’un vote aurait lieu pour lever l’immunité parlementaire de Giusi Princi et Fulvio Martusciello, à la demande des autorités belges.
Trois autres eurodéputés approchés par les autorités belges
Metsola a également évoqué trois autres eurodéputés – Daniel Attard, Nikola Minchev et Salvatore De Meo – qui ont reconnu avoir été approchés plus tôt cette semaine par les autorités judiciaires belges dans le cadre de l’enquête en cours.
À ce jour, huit personnes ont été interpellées dans le cadre de l’enquête. Parmi elles figurent des lobbyistes, des assistants parlementaires, ainsi que des employés actuels et anciens de Huawei. Aucun eurodéputé n’a été arrêté pour le moment, mais le nom de Martusciello avait déjà été évoqué après l’arrestation de son assistant parlementaire en Italie, en avril.
Soupçons de cadeaux, paiements et vacances financées
Selon les enquêteurs, des lobbyistes de Huawei auraient tenté d’influencer des parlementaires européens par des moyens occultes : cadeaux non déclarés, billets pour des événements sportifs, transferts d’argent importants et même voyages tous frais payés en Chine, en échange de leur soutien à l’entreprise chinoise.
Cette semaine, il a été révélé que dans le cadre de l’enquête sur les pratiques d’influence de Huawei à Bruxelles, les procureurs belges avaient demandé la levée de l’immunité parlementaire des cinq eurodéputés, sans toutefois les nommer à ce moment-là.
Les eurodéputés se défendent
Avant la divulgation officielle, De Meo, Attard et Minchev avaient publiquement nié toute mauvaise conduite. De Meo a expliqué que sa situation concernait un simple apéritif, un événement social non organisé par Huawei, bien que des représentants du groupe y aient assisté. L’événement se serait tenu en dehors du Parlement européen.
Concernant Daniel Attard, eurodéputé travailliste maltais, l’affaire porte sur un match de football auquel il a assisté en septembre, depuis les loges de Huawei au stade d’Anderlecht, en Belgique.
« Je ne savais pas que l’invitation venait d’une entreprise ni qu’elle concernait une loge privée. Par la suite, j’ai compris que l’invitation venait d’un individu faisant l’objet d’une enquête des autorités belges, qui voulait discuter de Huawei avec moi pendant le match »,
a-t-il déclaré.
Nikola Minchev, eurodéputé bulgare affilié au groupe Renew, est lui aussi sous le coup d’une enquête pour sa présence dans les loges de Huawei lors d’un autre match à Anderlecht.
« Ma présence à cet événement est aujourd’hui à l’origine de l’ouverture d’une enquête de gestion sur d’éventuelles irrégularités », a-t-il indiqué à la presse bulgare. En mars, les autorités ont perquisitionné le bureau de son assistant, Adam Mukhtar.
Réaction des institutions européennes
En réponse à ce scandale, la Commission européenne et le Parlement européen ont interdit l’accès à tous les lobbyistes de Huawei à leurs installations. Les autres affiliés de l’entreprise feront l’objet d’une évaluation au cas par cas. De son côté, Huawei a affirmé ne pas tolérer la corruption, mais n’a pas publié de déclaration officielle depuis le début de l’affaire.
Enfin, la Commission des affaires juridiques du Parlement européen se prononcera prochainement sur la levée d’immunité des cinq députés concernés, conformément à l’annonce faite mercredi