En juillet 2025, le conflit à Gaza atteint un point stratégique critique. Les actions du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et du président américain Donald Trump transforment une situation déjà fragile en une impasse explosive, combinant diplomatie de cessez-le-feu et intensification militaire. Officiellement, leur objectif est la libération des otages israéliens détenus par le Hamas, mais leurs approches révèlent des objectifs divergents et un coût politique et géopolitique croissant.
Cela traduit une redéfinition majeure de la perception du conflit à Gaza par les deux dirigeants, non pas comme une simple question militaire, mais comme un théâtre où s’entrelacent sécurité nationale, prestige international et enjeux électoraux internes. L’intensité de l’action militaire israélienne et l’activisme diplomatique américain révèlent à quel point les enjeux sont élevés et interconnectés.
Les calculs militaires de Netanyahu et ses contraintes internes
Viser les infrastructures du Hamas
Netanyahu affirme que les opérations militaires continueront jusqu’à ce que le Hamas soit neutralisé. Dans ses allocutions publiques, il qualifie la campagne de sécurité non négociable pour Israël à long terme. Ces derniers jours, l’aviation israélienne a intensifié ses frappes contre les centres de commandement, les tunnels souterrains et les bastions du Hamas.
Cependant, les pertes civiles sont massives. Le ministère de la Santé de Gaza rapporte plus de 230 morts civils en une semaine, des familles entières ensevelies sous les décombres, des hôpitaux débordés, et une aide humanitaire distribuée de façon irrégulière. Cette réalité attire l’attention d’agences humanitaires et de puissances étrangères.
Gérer la coalition politique
Sur le plan intérieur, Netanyahu doit composer avec les pressions de sa coalition de droite. Plusieurs membres refusent toute trêve, exigeant une victoire militaire totale. Ce contexte politique limite sa marge de manœuvre : toute forme d’accord sans retour des otages et affaiblissement visible du Hamas risquerait de le fragiliser politiquement.
En coulisses, certains responsables israéliens admettent que la campagne militaire prolongée devient insoutenable, en raison de la lassitude des troupes, des pressions étrangères et du risque d’escalade régionale.
La double stratégie de Trump : diplomatie et posture électorale
Négociations en cours à Doha et Washington
Trump place son administration au centre des efforts de cessez-le-feu. À Doha, des pourparlers impliquant le Qatar, l’Égypte et les États-Unis visent une trêve de 60 jours. Le plan inclurait la libération progressive de dix otages vivants et des corps d’autres prisonniers, en échange de concessions israéliennes sur les prisonniers et les accès frontaliers.
Steve Witkoff, émissaire spécial de Trump, a déclaré lundi :
« Nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord. »
La Maison Blanche présente ce plan comme un impératif humanitaire et une victoire diplomatique. Trump garantit à Netanyahu une supervision américaine du cessez-le-feu et des mécanismes de pression sur le Hamas.
Crédibilité internationale et calcul politique
Certains considèrent cette diplomatie des otages comme une stratégie politique de Trump, destinée à affirmer son leadership mondial. Son engagement personnel à Gaza s’inscrit dans une politique étrangère conservatrice, à contre-pied de celle de ses prédécesseurs.
Mais des critiques émanent du Congrès américain et d’organisations internationales : la fourniture d’armes à Israël nuit à la crédibilité des États-Unis comme médiateurs impartiaux. D’autres doutent de la durabilité d’un cessez-le-feu qui ignore les causes profondes du conflit.
Le dilemme éthique et juridique des déplacements « volontaires »
Le débat sur la dépopulation de Gaza
L’un des aspects les plus controversés de la stratégie de Netanyahu est le soutien au concept de « migration volontaire » des Palestiniens de Gaza. Certains plans envisagent leur réinstallation dans des pays tiers et la destruction d’infrastructures civiles à grande échelle.
Des ONG et juristes internationaux dénoncent une forme de déplacement forcé contraire au droit humanitaire. La majorité des Palestiniens ne quitteraient pas leur territoire sans coercition. Ce projet complique les négociations, rejeté d’emblée par des États arabes et européens.
Rejets internationaux
L’initiative a été condamnée au Conseil de sécurité de l’ONU. L’Égypte et la Jordanie redoutent une vague de réfugiés et une déstabilisation régionale. L’Union européenne menace de suspendre toute aide à la reconstruction si les normes humanitaires ne sont pas respectées.
Malgré ces avertissements, Netanyahu ne retire pas formellement cette proposition. Les démolitions se poursuivent dans le nord de Gaza.
La pression humanitaire pour un cessez-le-feu
Une crise humanitaire en expansion
Les conditions humanitaires à Gaza sont catastrophiques : coupures d’électricité, eau rare, aide alimentaire limitée. L’UNRWA avertit d’une famine imminente dans le centre de Gaza.
Les hôpitaux manquent d’antibiotiques, d’anesthésiques et de sang. En Israël et aux États-Unis, des ONG et mouvements civiques exhortent leurs gouvernements à agir en faveur d’un cessez-le-feu et de l’aide humanitaire.
Mécanismes d’aide proposés
L’administration Trump propose un dispositif conjoint avec l’ONU, l’Égypte et les Émirats pour distribuer l’aide humanitaire. Des ONG agréées géreraient les livraisons, sous supervision internationale, avec un appui logistique de l’armée américaine.
Cependant, sa mise en œuvre reste incertaine. Chacune des parties accuse l’autre d’instrumentaliser l’aide. Les précédentes tentatives de corridors humanitaires ont échoué sous les tirs.
Discours public et alertes d’experts
L’analyste du Moyen-Orient Megatron Ron, interviewé par Al Jazeera, estime que
« la question des otages est centrale, mais un cessez-le-feu sans solution politique durable restera fragile ».
Il ajoute :
« La pression militaire peut provoquer des concessions temporaires, mais ne remplace pas une résolution politique. »
NEW: 🇮🇱🇵🇸 Netanyahu does not want to return the hostages anymore – Axios
— Megatron (@Megatron_ron) November 23, 2024
Netanyahu rejected ending the war in exchange for a hostage deal claiming it would allow Hamas to survive and signal Israel's defeat pic.twitter.com/wOjl2glW7K
Le fragile équilibre de la paix
Risques de rupture
Le plan controversé de « migration volontaire » illustre les lignes de fracture internes. Sans consensus ni garanties, ce type de cessez-le-feu reste exposé aux reprises des hostilités. Les trêves précédentes ont souvent servi de prélude à une nouvelle escalade.
Les intentions réelles du Hamas restent également floues. Même affaibli, le groupe conserve une légitimité auprès d’une partie de la population, et toute capitulation apparente pourrait entamer son autorité locale.
Horizons politiques absents
Sans perspective de solution politique, toute trêve court le risque d’être temporaire. L’absence de confiance mutuelle, les visions divergentes des conditions, et la pression des factions radicales minent les chances d’un processus de paix durable.
Implications stratégiques au-delà de Gaza
Alliances régionales en mutation
La crise redessine les équilibres régionaux. Les Accords d’Abraham, un temps considérés comme une avancée diplomatique majeure, sont mis à mal. Les Émirats arabes unis et Bahreïn expriment leur malaise face aux opérations israéliennes, même si les liens diplomatiques persistent.
Dans le même temps, l’Iran et le Hezbollah capitalisent sur la crise. Téhéran soutient le Hamas et menace d’ouvrir un second front au Liban. La dissuasion militaire américaine dans la région a jusqu’ici contenu cette éventualité.
Fractures géopolitiques mondiales
La guerre à Gaza accentue le fossé entre l’Occident et le Sud global. À l’ONU, des États africains, asiatiques et latino-américains dénoncent le « deux poids, deux mesures » des puissances occidentales sur la protection des civils. Ce désalignement pourrait affecter les futures initiatives de paix.
Le conflit devient aussi un théâtre de rivalité stratégique, avec la Chine et la Russie appelant à un cessez-le-feu immédiat et sans conditions.
Une diplomatie sous haute tension
La stratégie Gaza conjointe de Netanyahu et Trump repose sur une combinaison incertaine de pression militaire et d’offres diplomatiques. Si cette approche peut générer des résultats immédiats — comme la libération d’otages — elle demeure politiquement vulnérable et structurellement instable.
Le succès ou l’échec des négociations actuelles ne déterminera pas seulement l’avenir immédiat de Gaza, mais aussi la direction de la politique israélo-américaine au Moyen-Orient. Dans un contexte où la crise humanitaire s’aggrave et où les fenêtres diplomatiques se referment, la question cruciale reste de savoir si cette approche hybride permettra une paix durable — ou si elle ne fera que retarder la prochaine explosion de violence.Tools