Une sénatrice démocrate du Massachusetts remet en question les efforts des compagnies pétrolières pour obtenir ce qu’elle qualifie de “niche fiscale de 1,1 milliard de dollars” dans le projet de loi surnommé par Donald Trump son “grand et magnifique projet”.
L’exemption proposée permettrait aux entreprises de combustibles fossiles d’échapper à une taxe introduite par Joe Biden en 2022. Les républicains du Sénat ont inclus cette mesure dans leur version du méga-projet de loi de réconciliation budgétaire le mois dernier.
Comment les modifications du CAMT profiteraient-elles aux géants pétroliers ?
La taxe minimale alternative pour les entreprises (CAMT), instaurée par l’Inflation Reduction Act, oblige les sociétés affichant un bénéfice ajusté supérieur à un milliard de dollars à payer au moins 15 % de leurs bénéfices déclarés aux actionnaires, appelés “bénéfices comptables”. La proposition de la commission des finances du Sénat permettrait aux entreprises de déduire certaines dépenses de forage de leurs revenus, protégeant ainsi les foreurs américains de cette taxe. Certaines entreprises pourraient même ne plus payer d’impôt fédéral du tout.
Les groupes de l’industrie fossile ont fait de cette modification une priorité absolue cette année. Selon les dossiers fédéraux, cette mesure a été activement défendue par ConocoPhillips et la société pétrolière Ovintiv, basée à Denver.
Jeudi matin, les sénateurs Elizabeth Warren, Sheldon Whitehouse (Rhode Island), Ron Wyden (Oregon) et le chef de la minorité au Sénat Chuck Schumer ont adressé des lettres à ConocoPhillips et Ovintiv pour exiger des explications sur leur rôle dans l’amendement du CAMT.
Selon ces lettres, adressées à Brendan McCracken, PDG d’Ovintiv, et à Ryan Lance, PDG de ConocoPhillips, les deux entreprises pourraient “tirer d’immenses avantages de cette disposition”.
Quel est l’avantage fiscal proposé pour les énergies fossiles ?
Les sénateurs demandent des réponses d’ici le 9 juillet sur plusieurs points : combien chaque entreprise a déjà dépensé et prévoit de dépenser cette année en lobbying pour cette mesure, combien elles ont contribué aux élus soutenant les allègements fiscaux pour les énergies fossiles, et quel allègement fiscal chacune obtiendrait si la disposition est adoptée.
Pourquoi les changements du CAMT sont-ils si controversés ?
Les signataires précisent :
“La justification du CAMT était simple : pendant bien trop longtemps, de grandes entreprises ont exploité des failles du code fiscal pour échapper à leur juste part, ne payant parfois aucun impôt fédéral malgré des milliards de bénéfices.”
Selon la lettre, la proposition actuelle ressemble fortement à un projet soumis cette année par le sénateur James Lankford de l’Oklahoma, qui permettrait aux entreprises de déduire de leur revenu CAMT les “coûts intangibles de forage et de développement”.
Quel rôle joue le sénateur James Lankford ?
Entre 2019 et 2024, la principale source de financement industriel de Lankford a été l’industrie des énergies fossiles, qui lui a versé près de 500 000 dollars. Une analyse de son plan indique que les déductions pour coûts intangibles de forage — qui couvrent les dépenses liées à la main-d’œuvre, à l’équipement et aux préparatifs avant le forage — existent depuis 1913, constituant ainsi la plus ancienne et la plus importante subvention publique aux énergies fossiles aux États-Unis.
Selon les lettres :
“Les grandes compagnies pétrolières veulent désormais que cette déduction s’applique non seulement à leur revenu imposable, mais aussi à leurs bénéfices comptables.”
Autrement dit, si cette clause est adoptée, elle pourrait réduire, voire annuler complètement, la responsabilité fiscale des sociétés pétrolières et gazières au titre du CAMT, leur permettant ainsi de ne payer aucun impôt fédéral sur les sociétés.