Sommet du G20 Johannesburg 2025 : Le moment de l’Afrique sur la scène mondiale

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G20 Johannesburg Summit 2025: Africa’s Moment on the Global Stage
Credit: serrarigroup.com

Le sommet du G20 de 2025 à Johannesburg marque un tournant historique : l’Afrique accueille pour la première fois cet événement majeur. Le G20, qui rassemble les plus grandes économies mondiales, joue un rôle central dans la définition des politiques économiques mondiales, des agendas de développement et des initiatives climatiques. Ce sommet représente donc une opportunité stratégique pour renforcer l’influence internationale de l’Afrique.

Ce forum offre à l’Afrique non seulement la place d’hôte, mais aussi celle de porte-voix pour les solutions multilatérales aux défis mondiaux. La présidence sud-africaine, qui débute en décembre 2024, sera placée sous le thème « Solidarité, Égalité et Durabilité ». Cette thématique s’inscrit pleinement dans les priorités actuelles de l’agenda de développement du continent et est étroitement liée à l’Agenda 2063 de l’Union africaine – cadre stratégique pour accélérer la transformation socio-économique. Dans un monde de plus en plus fragmenté et inégalitaire, le sommet permet à la voix africaine d’avoir un impact réel sur la conversation globale.

Croissance partagée, technologie et action climatique au cœur des priorités

Avec un âge médian inférieur à 20 ans, la création d’emplois est une priorité absolue pour le développement durable du continent. Le sommet de Johannesburg met l’accent sur une croissance inclusive, notamment à travers des stratégies d’industrialisation favorables aux PME et des investissements dans les infrastructures.

Les pays africains souhaitent faire de la question du chômage des jeunes – l’un des défis majeurs du continent – un point clé du G20, en promouvant les secteurs de la fabrication, de l’agriculture et des services numériques. La présidence sud-africaine constitue une opportunité de débattre de mécanismes de financement du développement et de corridors industriels régionaux, pour stimuler l’emploi et la création de chaînes de valeur locales. Le Kenya, le Nigeria et l’Éthiopie se positionnent déjà comme pôles industriels et de services, et le sommet pourrait renforcer ces dynamiques par des partenariats internationaux.

Systèmes alimentaires et résilience agricole

L’insécurité alimentaire, aggravée par les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, reste une problématique mondiale majeure. La présidence sud-africaine du G20 prévoit une initiative pour renforcer le soutien à l’agriculture résiliente au climat et aux systèmes alimentaires équitables.

Avec ses vastes terres arables et son secteur agritech en pleine expansion, l’Afrique plaide pour des investissements multilatéraux dans l’irrigation, le stockage post-récolte et l’agriculture de précision. L’intégration de l’intelligence artificielle et des biotechnologies dans les systèmes alimentaires vise également à accroître la productivité de manière durable. L’objectif est de rendre ces innovations accessibles aux petits producteurs pour renforcer la souveraineté alimentaire et stabiliser les économies rurales.

Réforme des finances mondiales et justice climatique

La réforme de l’architecture financière mondiale en faveur des pays à faible revenu et vulnérables au changement climatique est un axe majeur du sommet du G20 Johannesburg 2025. L’Afrique demande des restructurations de dettes, un accroissement du financement concessionnel et un accès élargi aux financements climatiques, dans un contexte où de nombreux États du continent font face à un endettement élevé et à une instabilité monétaire croissante.

Sur le plan climatique, l’Afrique appelle à davantage de justice. Elle demande que les pays les moins responsables des émissions soient accompagnés dans leur transition vers les énergies renouvelables. Le sommet est aussi l’occasion de clarifier les engagements de financement climatique pour atteindre l’objectif annuel des 100 milliards de dollars, et de négocier les ajustements carbone aux frontières ainsi que des cadres de transition juste.

Diplomatie, logistique et attentes nationales

Organiser le sommet du G20 dans un contexte géopolitique tendu est à la fois une opportunité diplomatique et un défi. L’Afrique du Sud devra naviguer entre les intérêts des puissances occidentales et ses engagements au sein des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Neutralité et habileté diplomatique seront essentielles, notamment en raison des désaccords sur l’Ukraine, le protectionnisme commercial et les politiques énergétiques.

L’incertitude liée à une éventuelle absence de hauts responsables américains, dont le président Donald Trump, ajoute une complexité supplémentaire. Les autorités sud-africaines ont assuré que toutes les délégations seraient les bienvenues et qu’aucun acteur isolé ne perturberait le sommet. Dans ce contexte, la gestion des symboles et des messages politiques sera aussi importante que les résultats concrets.

Logistique, financement et sécurité

Un budget de plus de 691 millions de rands (environ 38,7 millions de dollars US) a été alloué par l’Afrique du Sud pour couvrir les dépenses liées aux infrastructures, à la sécurité et à l’organisation du sommet. Une coordination efficace entre les agences nationales, les délégations internationales et les parties prenantes locales sera cruciale pour garantir une organisation sécurisée, inclusive et fluide.

Outre les réunions des chefs d’État, des événements ministériels, économiques et de la société civile auront lieu à Johannesburg et ses environs. Les services de transport et de sécurité seront renforcés pour accueillir les délégations étrangères. Le principal défi réside dans l’alignement entre les engagements logistiques et la vision d’un sommet participatif et ouvert, tel que promis par la présidence.

Renforcer l’inclusion et la participation citoyenne

La présidence met l’accent sur la participation publique à travers les groupes Y20 (Jeunesse), W20 (Femmes) et B20 (Entreprises), qui auront un rôle essentiel dans la formulation des recommandations. Ces forums permettent à la société civile de contribuer directement aux résultats du sommet, en veillant à ce que les priorités politiques tiennent compte d’une diversité d’acteurs.

Les discussions porteront notamment sur l’emploi des jeunes, l’égalité des genres en politique économique, et la compétitivité des PME. Des représentants de tous les coins du continent espèrent que ces contributions auront un véritable impact sur les communiqués et plans d’action officiels.

La société civile au cœur de la gouvernance mondiale

Le groupe C20 (Civil 20) apporte également une contribution essentielle, notamment sur la transparence, les droits numériques, la protection du travail et l’équité en santé. Des organisations de base, en partenariat avec des ONG internationales, militent pour des politiques centrées sur l’humain.

Sherwin Bryce-Pease a partagé ses réflexions à ce sujet, insistant sur la nécessité pour les pays africains de jouer un rôle actif dans la gouvernance mondiale, en tant qu’opportunité historique de tracer des trajectoires de développement durables et équitables :

Ses propos reflètent un sentiment croissant chez les diplomates et penseurs africains : ce sommet du G20 ne doit pas être une simple formalité, mais un véritable tournant dans l’ordre mondial.

Implications géopolitiques pour l’Afrique

Le sommet du G20 à Johannesburg est plus qu’un forum politique : c’est un symbole de la montée en puissance de l’Afrique dans les affaires mondiales. Accueillir cet événement revient à reconnaître le poids démographique, économique et stratégique du continent dans les futurs modèles multilatéraux.

Alors que les centres de pouvoir mondiaux évoluent – face à la migration climatique, aux bouleversements liés à l’IA, ou à la reconstruction des systèmes de santé post-pandémie – les perspectives africaines deviennent incontournables. Les ressources naturelles du continent, sa jeunesse dynamique et son potentiel d’innovation justifient une plus grande place dans les processus décisionnels mondiaux.

Le succès du sommet dépendra de la capacité des dirigeants à construire des consensus concrets, à forger des alliances durables et à initier des réformes structurelles – comme une meilleure intégration de l’Union africaine dans le G20, ou une représentation élargie des pays en développement au FMI.

En déplaçant le G20 à Johannesburg, l’Afrique envoie un signal fort : elle est prête à contribuer pleinement aux débats mondiaux – et à les orienter. Ce sommet testera la capacité diplomatique et la vision stratégique du continent à un moment où l’architecture de la gouvernance mondiale est en pleine mutation.

Research Staff

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